Parking et chaîne de vélo.sapro a écrit : 16 sept. 2024, 11:45 Merci beaucoup pour ces explications, c'est vraiment super intéressant à lire de voir tout le process.
Tu protèges comment ta propriété intellectuelle ? Parce que je comprends l'idée de te mettre à ton compte mais si demain un éditeur sort un jeu qui s'inspire de tes idées, tu fais quoi ?
Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Laissez les bons temps rouler
Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Tim rentrera mieux dans les détails que moi, mais globalement, on ne peut pas protéger la propriété intellectuelle d'un mécanisme de jeu. Et heureusement, sinon Tim devrait payer des royalties à Abalone pour son premier proto et à masse "jeux de mots" pour le second.sapro a écrit : 16 sept. 2024, 11:45 Merci beaucoup pour ces explications, c'est vraiment super intéressant à lire de voir tout le process.
Tu protèges comment ta propriété intellectuelle ? Parce que je comprends l'idée de te mettre à ton compte mais si demain un éditeur sort un jeu qui s'inspire de tes idées, tu fais quoi ?
Après tous les auteurs qui connaissent peu le monde du jeu ont des inquiétudes sur l'idée de se faire voler leur proto, mais globalement les éditeurs n'ont pas intérêt à faire ça, la réputation est importante dans le milieu, et les droits d'auteur sont intégrés dans les modèles économiques des maisons d'édition. Il reste le risque qu'un auteur en copie intégralement un autre, mais du coup, montrer ses protos, c'est la meilleure manière de s'en prémunir en permettant de montrer l'antériorité du projet.
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Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Alors pour répondre dans l'ordre :
Anouck a joué aux deux, Dorine juste au jeu de billes, mais les deux protos sont assez loin de ce qu'elles ont envie d'éditer. J'aimerai bien avoir l'occasion de bosser avec elles à l'avenir si je fais des jeux qui collent plus à leur ligne éditoriale.
Pour les autres un peu de contexte : ce sont deux anciennes collègues bien intégrées dans le milieu du jeu et qui lancent leur société d'édition cette année. Ce qui n'est pas très fréquent dans un monde où, comme souvent, les conditions (finances, réseau, légitimité) pour lancer sa boîte sont assez difficiles à réunir pour les femmes. Il y a quelques contre-exemples brillants mais 90% des maisons d'édition importants sont détenues par des hommes (là où si la parité n'est pas atteinte, c'est beaucoup plus mixte chez les employé(e)s).
Pour le thème pyramide, c'est sur le jeu de mots, donc y'a pas de billes dans celui-ci. Mais la forme correspond quand même mieux aux pyramides mésoaméricaines, je me suis fait la réflexion en cours de prototypage... Je garde comme ça pour plusieurs raisons :
1) flemme de re-pondre plein de prompt MidJourney
2) c'est beaucoup plus grand public comme thème
3) le thème mésoamérique est bien plus associé à des jeux experts, ou au moins initiés. Là où l'Egypte y'a de tout, donc c'est pas sûr que ça aide le jeu d'avoir un thème qui colle un peu mieux à la forme que fait le matos, ça sera purement une décision éditoriale.
Je ne protège pas la propriété intellectuelle : globalement Samish a très bien expliqué pourquoi : c'est impossible et c'est inutile parce qu'un éditeur qui vole un jeu c'est un éditeur blacklisté par tous les passionnés, qui met en difficulté la réputation de son distributeur s'il ne le sanctionne pas, et c'est un éditeur à qui plus personne d'intégrer dans le milieu du jeu ne va montrer un proto. En gros c'est un suicide économique à moyen terme.
De mon côté je ne sais pas s'il y a un risque légal concernant ma reprise du matos d'Abalone. La méca n'est pas protégée mais la "grille" c'est possible, auquel cas je pense qu'il "suffit" de ne pas refaire exactement la même chose. Possible aussi qu'il y ait eu un brevet mais que 30 ans après ça soit libre. Ca sera à vérifier par l'éditeur pour pas faire de bêtise avant de signer le contrat (mais je considère peu probable que ça soit complètement bloquant).
Anouck a joué aux deux, Dorine juste au jeu de billes, mais les deux protos sont assez loin de ce qu'elles ont envie d'éditer. J'aimerai bien avoir l'occasion de bosser avec elles à l'avenir si je fais des jeux qui collent plus à leur ligne éditoriale.
Pour les autres un peu de contexte : ce sont deux anciennes collègues bien intégrées dans le milieu du jeu et qui lancent leur société d'édition cette année. Ce qui n'est pas très fréquent dans un monde où, comme souvent, les conditions (finances, réseau, légitimité) pour lancer sa boîte sont assez difficiles à réunir pour les femmes. Il y a quelques contre-exemples brillants mais 90% des maisons d'édition importants sont détenues par des hommes (là où si la parité n'est pas atteinte, c'est beaucoup plus mixte chez les employé(e)s).
Pour le thème pyramide, c'est sur le jeu de mots, donc y'a pas de billes dans celui-ci. Mais la forme correspond quand même mieux aux pyramides mésoaméricaines, je me suis fait la réflexion en cours de prototypage... Je garde comme ça pour plusieurs raisons :
1) flemme de re-pondre plein de prompt MidJourney
2) c'est beaucoup plus grand public comme thème
3) le thème mésoamérique est bien plus associé à des jeux experts, ou au moins initiés. Là où l'Egypte y'a de tout, donc c'est pas sûr que ça aide le jeu d'avoir un thème qui colle un peu mieux à la forme que fait le matos, ça sera purement une décision éditoriale.
Je ne protège pas la propriété intellectuelle : globalement Samish a très bien expliqué pourquoi : c'est impossible et c'est inutile parce qu'un éditeur qui vole un jeu c'est un éditeur blacklisté par tous les passionnés, qui met en difficulté la réputation de son distributeur s'il ne le sanctionne pas, et c'est un éditeur à qui plus personne d'intégrer dans le milieu du jeu ne va montrer un proto. En gros c'est un suicide économique à moyen terme.
De mon côté je ne sais pas s'il y a un risque légal concernant ma reprise du matos d'Abalone. La méca n'est pas protégée mais la "grille" c'est possible, auquel cas je pense qu'il "suffit" de ne pas refaire exactement la même chose. Possible aussi qu'il y ait eu un brevet mais que 30 ans après ça soit libre. Ca sera à vérifier par l'éditeur pour pas faire de bêtise avant de signer le contrat (mais je considère peu probable que ça soit complètement bloquant).
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Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Et pour la question de la santé mentale, j'ai eu plusieurs épisodes de ce type en 2023 et c'est une partie de ce qui a achevé de me convaincre d'arrêter mon taff, je commençais à y laisser ma santé (je faisais des horaires normales avec des gens sympa mais mon travail n'était plus utilisé par la boîte et j'en pouvais plus de me battre pour changer certains dysfonctionnements, mentalement j'ai progressivement vrillé et mon corps c'est mis sur off). Je pense que j'ai tout simplement fait un burn out, même si j'ai interrompu le processus avant de me retrouver en arrêt pour 6 mois.
Je pense que j'avais juste pas fini de récupérer de l'état dans lequel j'ai été une bonne partie de l'année d'avant. Je me suis reposé à peu près 3 mois mais ça n'a pas suffi. J'ai choppé 3 grosses crèves entre décembre et avril et ça n'a pas aidé à me refaire toute la barre de constitution.
Ca va mieux ces derniers mois, j'espère que c'est derrière parce que cette fin de burn out + les crèves à répétition ne m'ont pas aidées à lancer dans de bonnes conditions ma nouvelle activité et il va être nécessaire qu'en 2025 je puisse produire davantage si je veux être viable à long terme sur ce projet.
Je pense que j'avais juste pas fini de récupérer de l'état dans lequel j'ai été une bonne partie de l'année d'avant. Je me suis reposé à peu près 3 mois mais ça n'a pas suffi. J'ai choppé 3 grosses crèves entre décembre et avril et ça n'a pas aidé à me refaire toute la barre de constitution.
Ca va mieux ces derniers mois, j'espère que c'est derrière parce que cette fin de burn out + les crèves à répétition ne m'ont pas aidées à lancer dans de bonnes conditions ma nouvelle activité et il va être nécessaire qu'en 2025 je puisse produire davantage si je veux être viable à long terme sur ce projet.
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Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Flip-Flap la Girafe
Ca fait bien trop longtemps que j’ai abandonné ce topic, j’espère pouvoir le prioriser un peu plus à l’avenir parce que là faut creuser un peu loin dans la mémoire pour des événements qui ont bientôt un an.
J’en étais donc à juillet 2024 et le FLIP. Le Festival Ludique Internationale de Parthenay est probablement l’un des festivals les plus sympas à faire en touriste : pendant 15 jours l’été, la jolie petite cité médiévale de Parthenay vit au rythme des pions et des dés. La grande place est intégralement occupée par des stands d’éditeurs et ça s’étend aussi plus ou moins sur toute la ville, c’est très familial mais y’a aussi des espaces pour les amateurs de jeux plus chevronnés.
J’y ai pris quelques rdv et j’en fais d’autres sur place un peu à l’arrache en demandant sur les stands si quelqu’un est là pour le sourcing. Les retours sont globalement bien meilleurs que lors des Ludopathiques en avril, j’ai amélioré les gameplays et la présentation des protos, ça paye. Ça paye toutefois pas suffisamment pour qu’on me prenne un proto en test.
Deux rdv sont un peu plus marquants :
Tymôtherÿs Targaryen
J’ai consacré août et le début du mois de septembre à tuner mon proto de billes et à préparer des fiches produit et vidéos de présentation dans la perspective d’Essen en Allemagne. Ce festival est le plus gros en Europe et ça sera mon plus gros objectif de 2024.
Je transforme le volcan de mon jeu de bille (danger statique) en dragon (danger mobile et interactif) et j’ai l’impression d’avoir enfin l’équilibre que je cherche entre accessibilité et profondeur pour ce jeu : le jeu comporte deux menaces substantielles, le bord du terrain et le dragon qui démarre au centre, et cette double menace rend les choix moins évidents sans perdre en intuitivité. Ca rajoute aussi au storytelling d’une partie, GoT l’a démontré, une histoire est quand même toujours plus épique avec un dragon dedans.
Hollywood baby
En parallèle je fais des fiches produit à partir d’une base que m’a créée une pote, j’avais pas touché sérieusement InDesign depuis un bail mais j’arrive à un résultat qui me convient. Je fais aussi des vidéos de présentation en français et en anglais, j’aime pas du tout l’exercice alors que j’ai déjà expliqué mes jeux 30 fois, et mon anglais est surtout adapté à discuter des forces et faiblesses comparées de BR sacrifice et WB Lurrus en cube.
C'est ma mère prend les vidéos, il me faut en général 5-6 tentatives avant de réussir à avoir 30 secondes à peu près fluides et sans oubli. Après je suis lancé et j'arrive en général à dérouler la fin de mon explication sans problème. Ca me stresse déraisonnablement au vu de l'enjeu et de la relative simplicité de ce que j'ai à dire, alors que j'ai aucune difficulté à dérouler mes rdv pro malgré des conditions moins évidentes et des enjeux plus élevés.
Le format est volontairement très court et condensé (entre 3 et 4 minutes) parce que 5 minutes c'est déjà long pour un chef de projet qui reçoit 10 mails de ce type par jour à cette période de l'année. Passer par une vidéo s'est pas mal généralisé même si c'est pas encore systématique, les fiches produit c'est beaucoup plus rare. Mon but avec ces outils est de me démarquer par une démarche plus "pro" que la norme, de donner envie aux éditeurs de voir mes protos, et d'éviter les rdv où le chef de projet qui me reçoit a le sentiment qu'il perd son temps (et le mien, au passage) parce qu'il sait minute un que le jeu que je lui montre est pas envisageable pour sa marque. Avoir un mail de retour qui décline mon proto ou un rdv qui n'aboutit à rien c'est la norme, mais il faut qu'après chaque interaction avec un éditeur, il se dise un peu plus qu'il veut voir mes prochaines créations.
https://youtu.be/MJZmKzJ-k1A?si=DSmYlXGRE-IyN33y
Essen is coming une fois
S’ensuit une quinzaine assez interminable où je contacte entre trente et quarante éditeurs tout en épluchant la ligne éditoriale de tous ceux présents à Essen (y’en a un truc comme 250) pour savoir à qui ça vaut le coup de demander un rdv. J’ai pas trop de mal à obtenir les contacts et avec les francophones, par contre c’est vraiment compliqué de joindre les gros éditeurs étrangers alors que c’est un peu le but… Après dix jours intensifs à remuer ciel et terre pour envoyer des mails au bon endroit, j’ai 3 rdv dont 2 avec des français que j’aurais pu voir à Vichy 3 semaines avant Essen (j’ai fait l’impasse) et je suis un peu en tilt. Ça se débloque un peu au cours de la dernière semaine consacrée aux relances et au prototypage, et je lance mon interminable périple Rennes-Essen en caisse avec la perspective de 6 rdv pro sur le salon, j’espérais le double mais c’est déjà ça.
Je fais une étape à Paris, puis en Belgique chez Alex Darras qui m'embarque dans une réunion d'une asso qui veut créer une plateforme d'entraide locale, j'ai pas grand chose à y faire mais y'a des chips et du jus de pomme artisanal, ça m'occupe. Ensuite on va bouffer et évoquer quelques souvenirs de QT, et il a la gentillesse de m'aider à finaliser la découpe de deux exemplaires de mon proto de mots. Vers 1h du mat' je suis à peu près prêt pour Essen, ça tombe bien il me reste 8h de sommeil avant le marathon du salon pro.
Ca fait bien trop longtemps que j’ai abandonné ce topic, j’espère pouvoir le prioriser un peu plus à l’avenir parce que là faut creuser un peu loin dans la mémoire pour des événements qui ont bientôt un an.
J’en étais donc à juillet 2024 et le FLIP. Le Festival Ludique Internationale de Parthenay est probablement l’un des festivals les plus sympas à faire en touriste : pendant 15 jours l’été, la jolie petite cité médiévale de Parthenay vit au rythme des pions et des dés. La grande place est intégralement occupée par des stands d’éditeurs et ça s’étend aussi plus ou moins sur toute la ville, c’est très familial mais y’a aussi des espaces pour les amateurs de jeux plus chevronnés.
J’y ai pris quelques rdv et j’en fais d’autres sur place un peu à l’arrache en demandant sur les stands si quelqu’un est là pour le sourcing. Les retours sont globalement bien meilleurs que lors des Ludopathiques en avril, j’ai amélioré les gameplays et la présentation des protos, ça paye. Ça paye toutefois pas suffisamment pour qu’on me prenne un proto en test.
Deux rdv sont un peu plus marquants :
- Le studio Zygomatic d’Asmodée, éditeurs d’Abalone (et Dobble, Loups-garous, etc. Ils récupèrent les jeux rachetés dont le studio n’existe plus et sont la marque orienté mass market d’Asmo). Ils aiment beaucoup mon proto de billes, en font deux parties, mais en termes de matos ça coûte beaucoup trop cher pour ce qu’ils veulent faire aujourd’hui. Ils sont intéressés par le revoir si… J’enlève les billes. C’est assez surprenant vu que bah, c’est au cœur du produit que je propose, j'ai même eu droit à un "mais ils sont débiles ?" d'un pote à qui je raconte ça... Mais passé la surprise ça se tient : je garde dans un coin de ma tête que si je signe pas ce jeu sous cette forme, il sera peut-être intéressant de faire une version “cheap” qui conserve l’adn de la mécanique "Battle Royale" avec des pions.
- Un rdv à 2h du matin avec les pontes d’un gros distributeur français. Déjà c’est pas très commun, mais le twist c’est que nous étions dans ce bar depuis un moment… Sans être torché, j’ai clairement un verre de trop dans le nez par rapport à ce qui aurait été adapté à la rigueur professionnelle qu'exigeait ce moment. Ça ne nous empêche pas de faire une partie même si l’horaire tardif ne nous laisse pas vraiment le loisir de débriefer.
Tymôtherÿs Targaryen
J’ai consacré août et le début du mois de septembre à tuner mon proto de billes et à préparer des fiches produit et vidéos de présentation dans la perspective d’Essen en Allemagne. Ce festival est le plus gros en Europe et ça sera mon plus gros objectif de 2024.
Je transforme le volcan de mon jeu de bille (danger statique) en dragon (danger mobile et interactif) et j’ai l’impression d’avoir enfin l’équilibre que je cherche entre accessibilité et profondeur pour ce jeu : le jeu comporte deux menaces substantielles, le bord du terrain et le dragon qui démarre au centre, et cette double menace rend les choix moins évidents sans perdre en intuitivité. Ca rajoute aussi au storytelling d’une partie, GoT l’a démontré, une histoire est quand même toujours plus épique avec un dragon dedans.
Hollywood baby
En parallèle je fais des fiches produit à partir d’une base que m’a créée une pote, j’avais pas touché sérieusement InDesign depuis un bail mais j’arrive à un résultat qui me convient. Je fais aussi des vidéos de présentation en français et en anglais, j’aime pas du tout l’exercice alors que j’ai déjà expliqué mes jeux 30 fois, et mon anglais est surtout adapté à discuter des forces et faiblesses comparées de BR sacrifice et WB Lurrus en cube.
C'est ma mère prend les vidéos, il me faut en général 5-6 tentatives avant de réussir à avoir 30 secondes à peu près fluides et sans oubli. Après je suis lancé et j'arrive en général à dérouler la fin de mon explication sans problème. Ca me stresse déraisonnablement au vu de l'enjeu et de la relative simplicité de ce que j'ai à dire, alors que j'ai aucune difficulté à dérouler mes rdv pro malgré des conditions moins évidentes et des enjeux plus élevés.
Le format est volontairement très court et condensé (entre 3 et 4 minutes) parce que 5 minutes c'est déjà long pour un chef de projet qui reçoit 10 mails de ce type par jour à cette période de l'année. Passer par une vidéo s'est pas mal généralisé même si c'est pas encore systématique, les fiches produit c'est beaucoup plus rare. Mon but avec ces outils est de me démarquer par une démarche plus "pro" que la norme, de donner envie aux éditeurs de voir mes protos, et d'éviter les rdv où le chef de projet qui me reçoit a le sentiment qu'il perd son temps (et le mien, au passage) parce qu'il sait minute un que le jeu que je lui montre est pas envisageable pour sa marque. Avoir un mail de retour qui décline mon proto ou un rdv qui n'aboutit à rien c'est la norme, mais il faut qu'après chaque interaction avec un éditeur, il se dise un peu plus qu'il veut voir mes prochaines créations.
https://youtu.be/MJZmKzJ-k1A?si=DSmYlXGRE-IyN33y
Essen is coming une fois
S’ensuit une quinzaine assez interminable où je contacte entre trente et quarante éditeurs tout en épluchant la ligne éditoriale de tous ceux présents à Essen (y’en a un truc comme 250) pour savoir à qui ça vaut le coup de demander un rdv. J’ai pas trop de mal à obtenir les contacts et avec les francophones, par contre c’est vraiment compliqué de joindre les gros éditeurs étrangers alors que c’est un peu le but… Après dix jours intensifs à remuer ciel et terre pour envoyer des mails au bon endroit, j’ai 3 rdv dont 2 avec des français que j’aurais pu voir à Vichy 3 semaines avant Essen (j’ai fait l’impasse) et je suis un peu en tilt. Ça se débloque un peu au cours de la dernière semaine consacrée aux relances et au prototypage, et je lance mon interminable périple Rennes-Essen en caisse avec la perspective de 6 rdv pro sur le salon, j’espérais le double mais c’est déjà ça.
Je fais une étape à Paris, puis en Belgique chez Alex Darras qui m'embarque dans une réunion d'une asso qui veut créer une plateforme d'entraide locale, j'ai pas grand chose à y faire mais y'a des chips et du jus de pomme artisanal, ça m'occupe. Ensuite on va bouffer et évoquer quelques souvenirs de QT, et il a la gentillesse de m'aider à finaliser la découpe de deux exemplaires de mon proto de mots. Vers 1h du mat' je suis à peu près prêt pour Essen, ça tombe bien il me reste 8h de sommeil avant le marathon du salon pro.
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Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Back to Essen
J’ai bénéficié en dernière minute d’un plan pour partager la room d’une éditrice belge cool que j’ai rencontré quelques mois plus tôt aux Ludopathiques, ça me permet des économies substantielles même si ça rallonge un peu le temps de transport.
Mon dernier Essen date de 2019, j’étais à Libellud et on venait vendre les jeux de l’Atelier, le studio de game design interne de la boîte (on proposait les jeux développés en interne non-signés par Libellud).
Je reprends assez vite mes marques, les lieux n’ont pas changé : d’immenses hangars blindés de stands, parcourus par des professionnels en speed et des passionnés qui se baladent et cherchent des tables libres pour tester les nouveautés.
Je commence avec Iello qui me “prend” mon proto de billes, pas littéralement, mais ils veulent un exemplaire pour le tester en interne, processus à l'issue duquel ils se positionnent où non pour l’éditer. Je passe le premier filtre de sélection pour la première fois, c’est encourageant.
J’arpente ensuite tel un arpenteur les différents hall, je salue les gens que je reconnais, je tente de caler des rdv avec des éditeurs avec qui je n’ai pas pu rentrer en contact, je découvre certains éditeurs et j’essaie d’identifier leur ligne éditoriale. J’ai un second rdv en fin d’aprem avec une éditrice que je connais bien, rdv qui ne donne rien mais à l’issu duquel elle me recommande de montrer le proto de billes à deux éditeurs, dont un que je connais moins et avec qui elle me met en contact.
J’enchaîne avec un pot sur le stand de je ne sais plus quel éditeur francophone, y’en a un ou deux tous les soirs et ce sont les sweet spots pour réseauter et retrouver mes connaissances de ce petit milieu avant d’aller dîner.
Rendez-vous en terre inconnue / terrain connu
Les 4 jours de salon se ressemblent un peu : rdv, errance et prises de contact en journée, réseautage et resto avec des gens cool le soir (dont un avec Jess de mtgverse, l’éditeur de Biotopes, et un autre avec Théo Rivière que certains connaissent via Magic où parce qu’il a sorti au moins trente jeux en une petite dizaine d’année, la mafia Mtg n’étant jamais très loin).
Je fais finalement une douzaine de rdv sur le salon et 2 de plus à Paris le lundi qui suit avec des éditeurs pas présents à Essen où que je n’ai pas eu le temps de voir. Les rdv en anglais sont un peu plus difficiles pour moi, j'ai pas speaké l'English dans ce type de contexte depuis 5 ans et mon dernier passage à Essen, heureusement j'ai des jeux qui s'expliquent en 3 minutes et on est là pour aller à l'essentiel et faire une partie quand c'est possible. La plupart des rdv ne donnent rien mais j’ai des retours assez bons dans l’ensemble, avec des éditeurs étrangers que je rencontrais pour la première fois et qui me demandent de les recontacter l’an prochain. En plus du 1er rdv avec Iello, deux autres éditeurs me prennent le jeux de billes après y avoir joué, un très gros éditeur allemand et un “moyen” coréen. Ça me donne la sensation d’avoir effectivement fait un salon international malgré le fait d’avoir fait plus de la moitié de mes rdv en français. Surtout cet intérêt pour ce proto vient valider un peu le taff que j’ai fait dessus depuis des mois, même si je sais que les proba de franchir le cap de la signature ne sont pas si élevés que ça. Sur l'autre proto ça a moins mordu mais j'ai quand même laissé un exemplaire à un gros éditeur allemand (avec qui j'ai eu un contact par mail mais pas de rdv).
Voyage Voyage
Sur le retour, je suis hébergé par Lucas Terrier à Lille, que je n’avais pas croisé depuis un bail. Le non-choix d’aller à Essen en caisse (y’avait pas de trains à 40 jours du salon) est pas spécialement reposant mais la partie cool c’est les étapes chez les potes.
J’ai ensuite un covoitureur marquant entre Lille et Paris, qui me raconte son exil depuis l’Afrique subsaharienne jusqu’à la France où il vit depuis environ 5 ans, avec le voyage à travers l’Afrique, la taule en Tunisie, la survie en attendant d’avoir la possibilité de traverser, la traversée en elle-même où il se retrouve à être armé au cas où le zodiac est attaqué, l’arrivée en Italie où il reste plusieurs mois, le lien avec des asso d’aide aux migrants, la volonté d’avoir une régularisation plutôt que des faux papiers pour être tranquille ensuite si il devient quelqu’un dans la restauration, ce qui est son objectif de long terme. En bonus le gars est absolument adorable, et son histoire c'est le genre de récit qui met une claque et qui donne envie d’en mettre une à Laurent Wauquiez (enfin, plus que d’habitude).
Je rentre d’Essen, j’ai bossé quasi en continu depuis une quarantaine de jours et faut que je me repose pour pas exploser en vol.
J'essaie de poursuivre l'écriture de mes mémoires demain...
Vu de France, les allemands ne respectent ni la gastronomie, ni les accords de Genève concernant les chaussettes dans les sandales... Mais au moins ils respectent le jeu de société : toutes les tables sont pleines pendant Essen, à l'exception du stand où Hasbro essaie de faire jouer des gens à un Monopoly modernisé.
J’ai bénéficié en dernière minute d’un plan pour partager la room d’une éditrice belge cool que j’ai rencontré quelques mois plus tôt aux Ludopathiques, ça me permet des économies substantielles même si ça rallonge un peu le temps de transport.
Mon dernier Essen date de 2019, j’étais à Libellud et on venait vendre les jeux de l’Atelier, le studio de game design interne de la boîte (on proposait les jeux développés en interne non-signés par Libellud).
Je reprends assez vite mes marques, les lieux n’ont pas changé : d’immenses hangars blindés de stands, parcourus par des professionnels en speed et des passionnés qui se baladent et cherchent des tables libres pour tester les nouveautés.
Je commence avec Iello qui me “prend” mon proto de billes, pas littéralement, mais ils veulent un exemplaire pour le tester en interne, processus à l'issue duquel ils se positionnent où non pour l’éditer. Je passe le premier filtre de sélection pour la première fois, c’est encourageant.
J’arpente ensuite tel un arpenteur les différents hall, je salue les gens que je reconnais, je tente de caler des rdv avec des éditeurs avec qui je n’ai pas pu rentrer en contact, je découvre certains éditeurs et j’essaie d’identifier leur ligne éditoriale. J’ai un second rdv en fin d’aprem avec une éditrice que je connais bien, rdv qui ne donne rien mais à l’issu duquel elle me recommande de montrer le proto de billes à deux éditeurs, dont un que je connais moins et avec qui elle me met en contact.
J’enchaîne avec un pot sur le stand de je ne sais plus quel éditeur francophone, y’en a un ou deux tous les soirs et ce sont les sweet spots pour réseauter et retrouver mes connaissances de ce petit milieu avant d’aller dîner.
Rendez-vous en terre inconnue / terrain connu
Les 4 jours de salon se ressemblent un peu : rdv, errance et prises de contact en journée, réseautage et resto avec des gens cool le soir (dont un avec Jess de mtgverse, l’éditeur de Biotopes, et un autre avec Théo Rivière que certains connaissent via Magic où parce qu’il a sorti au moins trente jeux en une petite dizaine d’année, la mafia Mtg n’étant jamais très loin).
Je fais finalement une douzaine de rdv sur le salon et 2 de plus à Paris le lundi qui suit avec des éditeurs pas présents à Essen où que je n’ai pas eu le temps de voir. Les rdv en anglais sont un peu plus difficiles pour moi, j'ai pas speaké l'English dans ce type de contexte depuis 5 ans et mon dernier passage à Essen, heureusement j'ai des jeux qui s'expliquent en 3 minutes et on est là pour aller à l'essentiel et faire une partie quand c'est possible. La plupart des rdv ne donnent rien mais j’ai des retours assez bons dans l’ensemble, avec des éditeurs étrangers que je rencontrais pour la première fois et qui me demandent de les recontacter l’an prochain. En plus du 1er rdv avec Iello, deux autres éditeurs me prennent le jeux de billes après y avoir joué, un très gros éditeur allemand et un “moyen” coréen. Ça me donne la sensation d’avoir effectivement fait un salon international malgré le fait d’avoir fait plus de la moitié de mes rdv en français. Surtout cet intérêt pour ce proto vient valider un peu le taff que j’ai fait dessus depuis des mois, même si je sais que les proba de franchir le cap de la signature ne sont pas si élevés que ça. Sur l'autre proto ça a moins mordu mais j'ai quand même laissé un exemplaire à un gros éditeur allemand (avec qui j'ai eu un contact par mail mais pas de rdv).
Voyage Voyage
Sur le retour, je suis hébergé par Lucas Terrier à Lille, que je n’avais pas croisé depuis un bail. Le non-choix d’aller à Essen en caisse (y’avait pas de trains à 40 jours du salon) est pas spécialement reposant mais la partie cool c’est les étapes chez les potes.
J’ai ensuite un covoitureur marquant entre Lille et Paris, qui me raconte son exil depuis l’Afrique subsaharienne jusqu’à la France où il vit depuis environ 5 ans, avec le voyage à travers l’Afrique, la taule en Tunisie, la survie en attendant d’avoir la possibilité de traverser, la traversée en elle-même où il se retrouve à être armé au cas où le zodiac est attaqué, l’arrivée en Italie où il reste plusieurs mois, le lien avec des asso d’aide aux migrants, la volonté d’avoir une régularisation plutôt que des faux papiers pour être tranquille ensuite si il devient quelqu’un dans la restauration, ce qui est son objectif de long terme. En bonus le gars est absolument adorable, et son histoire c'est le genre de récit qui met une claque et qui donne envie d’en mettre une à Laurent Wauquiez (enfin, plus que d’habitude).
Je rentre d’Essen, j’ai bossé quasi en continu depuis une quarantaine de jours et faut que je me repose pour pas exploser en vol.
J'essaie de poursuivre l'écriture de mes mémoires demain...
Vu de France, les allemands ne respectent ni la gastronomie, ni les accords de Genève concernant les chaussettes dans les sandales... Mais au moins ils respectent le jeu de société : toutes les tables sont pleines pendant Essen, à l'exception du stand où Hasbro essaie de faire jouer des gens à un Monopoly modernisé.
Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
pas mal cette odyssée, on te souhaite que ça marche! Bon c'est un peu tard, mais t'as pas tenté le concours de proto de Boulogne Billancourt? Un pote y a participé, ça peut être un tremplin (pas simple à gagner, évidemment mais bon)
Ragisacam : "la religion, c'est juste le premier Ponzi ever"
Re: Ma vie de saltimbanco-artiste ludique
Toujours bien cool de te suivre, c'est un chouette shonen dont on espère que l'issue sera positive !